Domaine de la famille de Prume / d'Arezac
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De fiançailles le 30 juin 1457 à Mauléon

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Message  Vanyel 2009-07-01, 20:44

De fiançailles le 30 juin 1457 à Mauléon X7fgqka3bn


Ermelina a écrit:Il y a des jours où l'on peut légitimement se demander si le Très-Haut, du haut de son paradis solaire, n'est pas d'humeur folâtre, voir taquine. Par exemple, prenez la veille de ce jour mémorable : cinq averses consécutives, à la pluie oblique, bien pénétrante et bien froide, s'étaient abbattues sur la route qui serpentait entre Orthez et Mauléon, transformant le joyeux petit chemin en annexe du marais le plus proche. Fondrières et ornières s'y succédaient à un rythme exaspérant de rapidité pour Ermelina ; trop occupée à poursuivre son chemin elle ne s'extasia pas sur le doux chant des gouttes venant s'écraser mélodieusement sur les jeunes feuilles verdoyantes de la forêt alentour pas plus qu'elle ne prit garde au ballet aérien d'un couple d'hirondelles. Juchée sur Arrakis, sa blanche haquenée, sa fille Vanyelle assise sur l'encolure de l'animal et frileusement blottie dans la lourde cape de voyage maternelle, la petite diaconesse n'avait cessé de se demander pourquoi après une si belle semaine, ensoleillée à souhait, il avait fallu que toute l'eau du ciel s'abatte sur cette malheureuse portion de route le jour où elle devait se rendre en terra incognita.

La rouquine, luttant conjointement contre les éléments et son sens de l'orientation déplorable, avait fini par arriver devant les murs de Mauléon à la tombée du jour. Allez savoir pourquoi, c'est au moment où elle confia les rênes de son cheval au palefrenier de l'auberge qu'un garde bienveillant lui avait indiquée que la pluie cessa. Ermi n'en était pas tout à fait sûre, mais elle subodorait fortement une coalition globale de la création tout entière (il fallait bien ça au moins) contre son impériale carcasse en ce jour. A dire vrai, la soupe qu'elle reversa sur ses mains et qui la brûla, la chute qu'elle fit dans l'escalier au moment d'aller se coucher et l'araignée qu'elle vit s'enfuir à la vitesse de ses petites pattes musclées la confortèrent quelque peu dans son impression première. Aussi, lorsqu'elle émergea après une bonne nuit de sommeil et qu'elle poussa les volets de la chambre qu'elle occupait, fut-elle presque surprise de constater que non, ce n'était pas encore le jour de la fin du monde et que non, un nouveau déluge n'était pas prévu à l'ordre du jour. Un magnifique soleil avait succédé aux nuages noirâtres et ses rayons bienfaiteurs commençaient à sécher les pavés des rues de la ville. De là où elle était, Ermi put voir le marché, les artères commerçantes et, par delà, l'église, but ultime de son périple aqueux et boueux.

Un petit soupir souleva délicatement sa poitrine. Il était plus que temps de se mettre à l'ouvrage. Il ne fallut pas longtemps à la jeune femme pour se préparer et il lui fallut encore moins de temps pour s'occuper de sa progéniture. La rouquine attrapa sa besace au ventre dangereusement arrondi ainsi qu'une musette moins débordante que sa consoeur et quitta la chambre, la menotte de Vanyelle dans la sienne. Rapidement, elles ingurgitèrent un petit-déjeuner digne de ce nom puis quittèrent l'établissement. Un saut dans les bois, suivi d'une virée dans les champs de blé leur procurèrent deux belles brassées de fleurs sauvages qui arrachèrent des petits cris de joie extatiques à l'enfant et un large sourire à la mère. Une halte au marché leur permit de faire l'acquisition d'un pot de cire et accessoirement d'alourdir la musette de la jeune femme et de la transformer en bourricot ployant dangereusement sous la charge portée ; les préparatifs des préparatifs étant terminés, il n'y avait "plus" qu'à aller à l'église. C'est donc logiquement après avoir un peu tourné en rond et décrété qu'il faudrait qu'elle revienne faire quelques emplettes chez le boulanger du coin de la place du marché (le malhonnête homme laissait se répandre alentour des effluves quasi-divines prometteuses de nirvana gastronomiques et de félicités papillesques) qu'Ermelina déboucha sur le parvis de l'église.

On vient pour baptiser Constant ?

La question était venue toute seule et fit rire Ermelina. La diaconesse SDF (sans diocèse fixe) se penchant vers sa fille et l'embrassa tendrement.

Non, nous sommes venues pour préparer la chapelle de l'église, s'il y en a une, ou l'église, s'il n'y a pas de chapelle, pour les fiançailles de Tatie-Biscuit et de Varden, son amoureux.

La petite fille fronça les sourcils et plissa son petit front d'enfant, sous le coup d'une réflexion visiblement intense.


S'ils se fiancillent...


S'ils se fiancent, reprit la mère.

S'ils se fiancent, alors ils vont se marier ?


Oui ma douce.

Alors Zaza va venir aussi pour les bénir ?


Crispation de la diaconesse à l'évocation du dernier mariage qu'elle avait célébré.

Non ma douce. Tatie-Biscuit n'est pas... Enfin n'a pas... Ce n'est pas une protégée de la señora Isabella, donc elle ne sera pas là, et elle n'est pas très pressée de se marier comme l'était la señorita Carmen,
ajouta-t-elle d'un ton sans réplique. Le souvenir ému de la mère maquerelle guidant sa "protégée" au ventre arrondi devant l'autel fit sourire Ermi, mais ne l'empêcha pas de prier très fort pour que l'enfant n'ait jamais à refaire de pareille tentative d'approche logique devant qui que ce soit.

Zutre, c'est dommage... J'aurai bien voulu revoir Zaza, moi.
La mine boudeuse et renfrognée de Vanyelle en disait plus long qu'une intervention de Constant Corteis sur sa déception.

Viens, maintenant. Ermi poussa la lourde porte de l'église et jeta un rapide coup d'oeil à l'intérieur. Il faut qu'on fasse de jolis bouquets avec les fleurs pour décorer l'autel, qu'on trouve les cierges et qu'on les allume, qu'on dépoussière un peu partout... Il ne faudrait pas que Tatie-Biscuit salisse ses jolis habits...

La petite fille ouvrit des yeux ronds de stupeur.

Tu crois qu'elle viendra en robe ?


Je ne sais pas... La jeune femme haussa les épaules en souriant. Enfin, c'est quand même un des deux jours de sa vie où l'on fait des efforts vestimentaires. Enfin, en principe.

Il était amusant, voir touchant, pour les âmes sensibles, de voir la mère et la fille s'activer de concert, donner vie à des compositions florales parfois très "originales", astiquer du même mouvement circulaire les prie-dieu, balayer la chapelle et l'orner autant que faire ce peut, compte tenu de leurs moyens restreints. Après avoir honteusement fait un tour dans la sacristie, Ermi revint avec une belle provision de cierges qu'elle installa sur la herse et sur l'autel et qu'elle alluma, mettant la touche finale à l'égayement de rigueur pour la cérémonie à venir. Enfin, la jeune femme fit trois pas en arrière et regarda l'ensemble d'un oeil critique.

Ce ne seront pas des fiançailles en grande pompe, mais au moins la chapelle ressemblera à quelque chose...
Un petit hochement de tête satisfait ponctua ses propos.

Elle adressa un sourire à Vanyelle puis entreprit d'explorer minutieusement ses bagages. Elle en extirpa son livre des Vertus, qu'elle posa sur l'autel, son grimoire, savant mélange de bréviaire, de rituel, de sacramentaire et d'antiphonaire, qu'elle posa à côté du livre des Vertus, ses vêtements sacerdotaux et son étole, qu'elle défroissa d'un geste machinal avant de les prendre par devers elle.

L'heure approche, Vanyelle. Tatie-Biscuit et son amoureux ne vont pas tarder, maintenant. Je vais aller me changer, pour pouvoir les accueillir comme il se doit. Ensuite nous prierons ensemble en les attendant.

Prier ? Pourquoi faire ?
Petite moue de déception à la perspective de rester à genoux sur les dalles de la chapelle au lieu de partir en exploration dans la bâtisse inconnue.

Pour remercier le Très-Haut, pardi !
répondit la diaconesse en s'enfermant dans la sacristie. Ce n'est qu'à son retour, les cheveux correctement nattés et ses vêtements enfilés, qu'elle put poursuivre ses explications.

Damoiselle Vanyelle, on ne prie pas que pour demander quelque chose au Très-Haut. On ne devrait pas le faire pour se plaindre non plus. Il faudrait davantage le remercier pour tout ce qu'Il nous donne, sans rien attendre en échange. Pourquoi ne pas prier pour le remercier pour la rencontre de Tatie-Biscuit et de son amoureux ? Et pour leur fiançailles ? Et pour leur prochain mariage et pour tout le bonheur qui en découlera ?

Ermi adressa un clin d'oeil à sa fille et s'agenouilla, bientôt imitée par l'enfant. Il ne restait plus à la diaconesse qu'à prier, certes, mais surtout à tendre l'oreille pour guetter l'arrivée des tourtereaux.

De fiançailles le 30 juin 1457 à Mauléon 3-85


Vanyel a écrit:L'Église de Mauléon... ils y arrivaient main dans la main. C’était le milieu de l’après-midi. Impression étrange d’être « à la maison ». Elle venait pourtant tout juste d’arriver en cette ville.

Les derniers jours s’étaient passés à la fois trop vite et pas assez. Trop vite parce qu’en partant de là-bas, il avait bien fallu qu’elle mette un peu d’ordre, donne quelques derniers ordres, dise au revoir. Pas assez vite parce que l’impatience ne cessait de croître en elle. Hors comme il est bien connu que celle-ci est inversement proportionnelle à la longueur du chemin à parcourir avant d’atteindre son but, on peut sans mal imaginer que Vanyel avait rongé plus d’un frein…

Elle l’avait retrouvé pour une dernière fois. Une dernière fois parce qu’elle n’avait pas l’intention de repartir ailleurs qu’à ses côtés, et dans ses conditions, difficile d’imaginer à nouveau quelques retrouvailles.
Si ce n’était pas une nouvelle vie, c’était en tout cas une autre vie qui se présentait ici, qu’elle découvrirait au fur et à mesure.

Pour l’instant, l’un et l’autre se rendaient à des fiançailles… plus précisément, à leurs fiançailles, étape à franchir avant…

La matinée s’était passée sans heurt. Peut-être en parti parce qu’elle avait rendu les armes avant qu’il n’y ait bataille, elle ne pouvait décemment pas y aller dans ce qui ressemblait à s’y méprendre à un uniforme n’eut été l’absence d’insigne. Que cela soit ses vêtements de prédilection ne changeait rien en la matière. Elle avait ainsi revêtu la robe carmin que les petites apprenties d’Anti lui avaient confectionnée.
Ensuite elle s'était attelé à la rédaction de ses bans à ses côtés. Maintes feuilles furent raturées, elle faillit plus d'une fois renverser les petits pots d'encre, regardait le tout d'un air critique.. et recommençait jusqu'à ce qu'elle arrive finalement à un résultat qui lui convienne. Elle souffla doucement sur le sable versé pour empêcher l'encre de prendre ses aises et rangea soigneusement le rouleau dans une petite sacoche qu'il faudrait qu'elle prenne avec elle, qui contenait aussi son médaillon et ce qu'Ermi lui avait demandé pour une obscure raison.

Puis elle avait tourné en rond, pour ainsi dire. Elle anticipait ce qui allait se passer, avait grignoté d'un air absent quelques abricots pour tout repas, l'avait entraîné en début d'après-midi dans une balade jusqu'à ce qu'il soit temps de se rendre à l'Eglise. Elle découvrait Mauléon en sa compagnie.
La ville avait séchée, la pluie de la veille qui les avaient vus arriver trempés comme des soupes n'était plus que souvenir, seules les couleurs semblaient avoir été avivées. Ils étaient passés à la mairie. Elle avait un registre à signer. Elle laissait une page se tourner en regardant l'encre sécher sur la feuille.

Et maintenant ils étaient là, devant la porte ouverte de l'édifice. Ils se regardèrent un instant avant d'entrer, d'apercevoir des silhouettes au fond. Un sourire se laissait deviner sur ses traits. Tout était propre, suspectement propre.. à n'en pas douter une œuvre d'Ermi. Le temps que leur yeux s'accommodent au changement de luminosité, elle sourit en reconnaissant Ermi et sa petite homonyme. Des fleurs ôtaient un peu d'austérité à l'autel non loin duquel elles se tenaient, celui-ci étant doucement baigné par la lueur de cierges.

Leur présence la rassurait, non qu'elle était nerveuse.. enfin presque pas, ou si en fait. Ce n'est pas tous les jours que l'on se fiance, heureusement d'ailleurs, sans doute que ses nerfs ne le supporteraient pas autrement, elle avait bien du mal à ne pas trop serrer la main de Varden. Ils s'avancèrent vers elles. Elle embrassa la puce et Ermi. Avant d'oublier elle lui tendit discrètement ce qu'elle lui avait commandé avec un regard interrogateur qui, à son plus grand dam, ne reçut aucune autre réponse qu'un sourire et un petit air conspirateur. Que pouvait-elle bien vouloir faire d'une lame si fine? Puis elle se trouva bien embêtée de ne pas vraiment savoir quoi faire ensuite.
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De fiançailles le 30 juin 1457 à Mauléon Empty Re: De fiançailles le 30 juin 1457 à Mauléon

Message  Vanyel 2009-07-01, 20:46

De fiançailles le 30 juin 1457 à Mauléon Qjbcqyc0pd


Varden a écrit:Il avait mal dormi ... Pour quelle raison ? A l'aube de cette journée, leurs fiançailles, il se sentait épris d'une crainte malvenue. Qui aurait pu dire ce qui trottait dans la tête de Varden pour qu'il se mette à douter, non pas à douter, à craindre cette étape de peur de la manquer, de ne pas être à la hauteur, de revivre ce qu'il avait déjà vécu ?

Ces derniers jours avaient été lots d'heureuses nouvelles et de tristes départs ... Le départ de ceux qui furent ses invités, Dame Clkikoz, Messire Belsilk, repartis vers leur terre d'asile, Alais la languedocienne ... L'heureuse nouvelle de savoir que Vanyel le rejoignait, non plus en permission comme trop de fois, non plus en simple visite mais de façon définitive ... Réunis enfin, envers et contre tous les obstacles qui s'étaient dressés sur leur route était un miracle en soit ... Rien n'aurait du les réunir au départ, et désormais leur histoire était commune ... Il n'en aurait jamais juré mais il n'avait pas l'intention de s'en plaindre ...

Une nuit à se remémorer ces souvenirs, une nuit à ne pas dormir, à somnoler dans la moiteur de la nuit, une nuit à penser à celle qui était devenue sa promise ...

Elle quittait Toulouse pour lui ... Il avait peine à l'avouer mais au-delà du bonheur que cela lui offrait, il était pétri de craintes de ne pas lui apporter ce qu'elle méritait, les joies du quotidien à ses côtés et l'absence de nostalgie loin de ses plus fidèles amis.

C'est donc, les yeux cernés de noir qu'il se leva, passant de l'eau sur son visage pour se rafraichir, oublier ses peurs, aller de l'avant, croire en eux ... D'un regard, il parcoura sa chambre ... Elle serait dans sa maison dorénavant, cotoyerait Astim quotidiennement ... Où était il lui d'ailleurs ? Il avait changé depuis qu'il avait rencontré Klementein, il faudrait qu'il en ait le coeur net !

Pas le temps de s'en occuper en l'instant, Vanyel l'attendait et il la rejoindrait, le palpitant agité, et la fatigue accumulée ... C'eut été trop beau qu'il soit dénué de questionnements personnels avant cet engagement ...

Elle était là ... Rayonnante et si innaccessible qu'il n'avait osé le rêver même ... Elle était sienne, ou tout comme, et il n'en revenait toujours pas.


Conversation anodine, discussion sans grande profondeur et avoir à coeur de se diriger vers l'église ... Main dans la main ... Partager un regard et entrer. Il glissa la main dans une de ses poches s'assurant qu'il avait bien ce qu'il avait rédigé la veille ... Il avait aussi amené ce qu'il fallait ... Tout ce qu'il fallait ... Ou presque ... Où était donc Tristan ? Le jeune fils de Dana, qu'il avait recueilli et envoyé en pension une année, et qui était revenu depuis peu à Mauléon s'était vu confié la lourde mission de recueillir plusieurs choses pour la Diaconesse ... Ce dernier n'aimait pas vraiment les hommes, quels qu'ils soient et passait ses journées à râler sur le fait que Varden s'occupait désormais de lui cependant, savoir qu'une femme allait venir en leur maisonnée lui avait depuis rendu le sourire et l'espoir sans doute aussi et il avait accepté d'amener les objets demandés à la cérémonie ...

Bref, il manquait encore à l'appel ... Regardant aux alentours, il espérait le voir arriver au plus vite ... Sans cela, Ermelina lui en voudrait sans doute à raison ... Et ça il ne l'aurait voulu pour rien au monde !

D'un pas hésitant donc, il entra aux côtés de Vanyel, la sienne, et admira le travail de la diaconesse pour agrémenter l'église de son village. C'était tout bonnement prodigieux, et il en oublia presque le pourquoi de sa venue ... Seul l'accueil d'Ermi, et de Vanyelle, la jeune, le fit revenir au pourquoi du comment ... Et il passa sa main dans ses cheveux, comme à chaque fois qu'il était gêné, parlant à voix basse, comme souvent il avait réflexe à le faire en les églises ...


Tout bonnement magnifique ...

De fiançailles le 30 juin 1457 à Mauléon Tristan1


--Tristan.Marcelon a écrit:

[Non loin de là dans un champ de coquelicots, et abusivement en retard, le retour de l'enfant !]

Un cruel dilemme s'offrait à l'enfant en cet instant. Il œuvrait pour Dame Vanyel, pour Dame Ermelina, dont Varden lui avait tant parlé, et aider des femmes lui semblait naturel et légitime mais n'œuvrait il pas dans le même temps pour Varden ? Si c'était pour Varden, autant qu'il arrête de suite, il ne désirait pas lui faire plaisir, ni même participer en quoi que ce soit à quelque chose qui lui servirait ... C'était un homme, semblable à tous les autres et forcément à éviter le plus possible ...

Dana lui manquait tant en ces longs moments de solitude ... Il avait demandé, presque exigé d'être envoyé loin de Varden en études mais le temps était au retour. Seul gage de son lien avec celui qui s'occupait désormais de lui ... Un chat, apparemment offert par Demoiselle Lara mais dont les envies détonaient souvent avec ceux du jeune garçon. Pourquoi un chat ne tenait il compagnie à son maître que selon ses bons plaisirs ?

Soupir rêveur puis regard autour de lui ... Ah oui les coquelicots, il ne manquait que cela ... Son bleuet dans la main gauche, son sou dans la poche et ce coquelicot, le plus beau, qu'il cueillerait donc avant de s'en aller courir vers l'église !

Flûte, elle était ouverte, et il y avait déjà du monde à l'intérieur ... Enfin, il y avait Varden et sans doute Vanyel également ...

Longue hésitation sur ce qu'il devait faire ... Varden avait dit "C'est pour Ermelina" oui mais voilà, Ermelina, la dame de l'église, elle était occupée là ... Mais si c'était urgent ? Alalalala, il ne savait plus quoi faire, entrer, ne pas entrer ...

Il fallait bien se décider, et le souffle encore court, il se décida à entrer discrètement, tentant de signaler sa présence à la Diaconesse ... Varden ne l'avait pas encore vu, enfin il ne le manquerait pas vu qu'il allait devoir se rendre presque devant les deux V ...

Tête baissée et le rouge aux joues, Tristan leva les mains vers Ermelina pour qu'elle saisisse ce qu'il lui avait amené ... Puis en courant, il détala à toute allure, de peur d'être arrivé trop tard, de se faire disputer ou il ne savait quoi d'autre ...

Sur qu'un mariage avec Dana, il n'aurait pas subi ça !


De fiançailles le 30 juin 1457 à Mauléon X7fgqka3bn


Ermelina a écrit:Elle vieillissait, c'était certain. Ce n'était pas l'arrivée du couple qui tira Ermelina de sa prière mais bien l'excitation croissante de Vanyelle. La petite ne se fit pas prier pour aller embrasser sa tatie préférée. Ermelina, elle, prit son temps. Elle se releva, épousseta distraitement le devant de son vêtement puis le lissa afin de paraitre - pour une fois - à peu près présentable. Le sourire aux lèvres, elle s'avança à son tour vers les fiancés. A son tour, elle embrassa Vanyel, lui adressant un grand sourire encourageant, observant sur son visage les marqueurs d'une appréhension des plus légitimes chez une future fiancée. D'un signe de tête à la fois élégant et respectueux, reste du temps passé à la chancellerie languedocienne, sans doute, elle salua Varden puis reporta son attention sur la promise. Sans dire un mot, comme tout conspirateur qui se respecte, elle reçut de ses mains sa "commande spéciale", qu'elle avait passé le jour où elle avait su qu'elle aurait la chance et le privilège d'officier au mariage de l'ancienne comtesse de Toulouse et du Languedoc et de l'ancien comte du Béarn et de Champagne. Un rapide coup d'oeil à l'objet lui fit comprendre qu'il serait parfait lorsque le moment de l'utiliser serait venu.

Des bruits de pas précipités arrachèrent la diaconesse à sa courte observation. Avant qu'elle ait le temps de dire "ouf", un jeune garçon avait remonté la nef et avait fini par se planter devant elle. Essouflé et visiblement indécis, il se contenta d'ouvrir les mains, dévoilant ainsi les trésors qui s'y trouvaient. Ermi réceptionna la "commande spéciale" qu'elle avait passé à Varden. Dès que les fleurs et la pièce eurent changé de main, le messager détala.

Merci infiniment, jeune homme ! cria presque Ermi à son livreur improvisé alors qu'il quittait l'église. Un sourire aux lèvres, elle posa son précieux butin sur un coin de banc puis se retourna vers l'assemblée restreinte. Il était plus que temps de commencer...

Bienvenue à toi, Vanyel, et à toi, Varden, dans la maison du Très-Haut en ce jour heureux, leur dit-elle de sa voix chaude où la traditionnelle petite pointe d'accent de sa terre natale chantonnait, comme toujours quand la jeune femme était soit émue, soit hors d'elle. Avec un naturel déconcertant et sans cesser de sourire, elle attrapa d'un geste sûr, rendu automatique par des mois de pratique, le col de la robe de Vanyelle qui tentait de profiter de l'occasion pour aller voir ailleurs si d'une part sa maman y était, d'autre part pour découvrir toutes les merveilles de la bâtisse. Sans prêter une réelle attention à sa progéniture qui poussait des soupirs propres à attendrir des pierres, mais visiblement pas la vigilance maternelle, la petite diaconesse regarda tour à tour son amie et l'amoureux de cette dernière.

Nous voici donc enfin réunis ici, aujourd'hui, pour célébrer les deux plus beaux cadeaux que le Très-Haut fit à ses créatures. Le premier, présent magnifique bien qu'à double tranchant, est la liberté, celle qui nous rend responsables de nos actes devant Dieu, mais aussi celle qui nous rend libres de décider, de choisir par nous-même, nous rendant ainsi maîtres de nos vies et de nos actions et par delà, maîtres de notre salut et de notre rédemption. Un petit "Maiheuuuuuh !" de protestation vanyellien se fit entendre, calmé aussi sec par un regard noir ermien. L'enfant poussa un profond soupir et abandonna toute tentative d'évasion. En apparence du moins. Discrètement, elle s'approcha de sa Tatie-Biscuit et fourra sa menotte dans celle de son homonyme.

Par vos choix, vous êtes entrés dans la communauté des croyants le jour de votre baptême ; par vos actes, vous avez décidé de marcher dans les pas d'Oane, d'Aristote, de Christos, de Valentin, faisant de la Raison et de la Foi vos guides.

C'est qui, Oane ? Et c'est qui, Valentin ? Je ne les connais pas, ceux là...

Le regard plein d'innocence et d'une visible envie de comprendre de Vanyelle faillit plonger la petite diaconesse dans l'une des longues sessions dites "Explication du livre des Vertus pour les moins de cinq ans". La rouquine se ravisa au dernier moment, plaqua un index impérieux sur ses lèvres pour intimer le silence à l'enfant avant de lui faire un clin d'oeil.

Plus tard, quand on aura fini, je t'expliquerais tout, promis, susurra-t-elle.

Comme eux avant vous, reprit-elle d'un ton plus solennel, vous avez décidé d'accepter d'ouvrir vos coeurs et vos âmes, d'aimer Dieu comme Lui vous aime, et d'aimer vos prochains sans calculs, sans réserve, sans fausseté, acceptant ainsi le second présent de Dieu qu'est l'Amour. L'Amour, juste pendant de la Raison, sans qui la raison n'est qu'une coquille vide, peut prendre bien des aspects. Que ce soit celui d'un enfant pour ses parents, celui d'un parent pour ses enfants, il n'est jamais qu'une manifestation de Celui du Très-Haut pour chacune de ses créatures. Ermelina marqua une courte pause, souriant toujours aux promis, guettant une Vanyelle visiblement fascinée par un pigeon inconscient du danger, voir suicidaire, qui picorait sur le parvis voisin à deux enjambées de la fillette.

Aujourd'hui, Vanyel, Varden, c'est encore une autre forme de cet Amour qui a guidé vos pas en ce lieu. Au fur et à mesure que son allocution avançait, la rouquine se sentait un peu plus en confiance, un peu moins émue, juste toute à la joie de la cérémonie qu'elle s'apprêtait à célébrer. Cet amour était enfoui au fond de vous, comme la graine d'une rose l'est au fond de la terre au coeur de l'hiver. Comme la rose lorsque le radieux soleil du début du printemps caresse cette même terre, cet amour en vous s'est éveillé le jour où vous avez posé les yeux l'un sur l'autre. Comme la rose, lorsque les ondées succèdent au soleil et le soleil aux ondées, votre amour a grandi et s'est fortifié, ton amour, Vanyel, nourrissant celui de Varden, ton amour, Varden, nourrissant celui de Vanyel. Comme la rose au début de l'été, alors que le mois de juillet s'apprête à débuter, votre amour est enfin prêt à éclore au su et à la vue de tous. Petite pause, histoire de s'assurer que le silence inquiétant de sa fille était lié à une observation quelconque et non pas à une colombophilie brusque et soudaine se traduisant par une traque sans pitié d'un malheureux volatile.

C'est cet amour noble, désintéressé, qui vous pousse l'un vers l'autre, telles les deux moitiés d'un seul être, lui qui a permis à vos coeurs de s'émerveiller de la métamorphose qu'ils subissaient, lui encore qui, vous prenant par la main comme on guide deux enfants purs, vous amène enfin devant la maison du Très-Haut. Et afin que cet amour perdure, pour que, comme la rose qui se transforme en buisson dense et fleuri, il puisse croitre encore, s'épanouir, évitant de se désécher, de dépérir ou de se flétrir, vous avez décidé d'unir vos coeurs, vos vies et vos âmes. Et le premier pas vers cette union sacrée, vous allez le franchir aujourd'hui, en transformant vos accordailles et en ouvrant le temps des fiançailles.

Pour commencer, Vanyel, Varden, nous allons vérifier vous bans et les lire à haute et intelligible voix puis les placarder, comme le veut la bonne coutume et la tradition de l'Eglise.
Les choses sérieuses commençaient enfin, et la petite diaconesse se réjouissait. C'est donc une Ermi radieuse, sincèrement heureuse pour une Vanyel qui méritait à ses yeux plus que beaucoup ce bonheur, qui attendit donc les parchemins qui allaient sceller le destin de deux vies jusque là solitaires.
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De fiançailles le 30 juin 1457 à Mauléon Empty Re: De fiançailles le 30 juin 1457 à Mauléon

Message  Vanyel 2009-07-01, 20:49

De fiançailles le 30 juin 1457 à Mauléon 3-85


Vanyel a écrit:Si Ermi n'avait pas déjà été diaconesse, sans doute qu'elle l'aurait bénie.. quoique pourquoi ne le pouvait-elle pas? Une chose était certaine, elle lui était infiniment reconnaissante déjà d'avoir accepté d'être celle qui les fiançait et ensuite de les guider au travers du procédé.
L'arrivée d'un jeune homme la surprit, mais elle n'eut pas l'occasion de poser quelconque question que déjà il disparaissait? Il faudrait qu'elle se renseigne après, non qu'elle était intriguée mais si quand même. Se recentrer sur ce qui se passait...

Tous trois écoutaient Ermi. Hein trois ? Ah bin oui, Vanyelle qui tenait la main de Vanyel et Vanyel qui tenait celle de Varden. Elle aussi aurait bien demandé qui était Oane et Valentin.. qui sait, avec une peu de chance elle pourrait assister à la leçon particulière promise avec la puce.
Des pensées quelque peu erratiques faisaient écho aux paroles d'Ermi. L'Amour .. douce utopie à laquelle elle avait tenté de se soustraire, car s'il est vrai que celui-ci peut vous donner des ailes, plus on monte et plus la chute est violente quand celles-ci se brisent. Ils le savaient tous deux...
Qu'est-ce qui était vraiment né lorsqu'ils s'étaient par hasard rencontrés ? Quelque chose d'indéfinissable, mélange de curiosité agrémenté de longues discussions avec un soupçon d'attirance inconsciente puis niée... avant de ne pouvoir plus être ignorée. Peut-être que l'image de la rose était adéquate, puisqu'il leur faudrait également prendre garde aux épines.

Et vint le moment de lire les bans.. oui .. oui.. mais elle avaient les deux mains prises en l'occurrence. Il lui fallut donc d'abord les libérer avec douceur, posant une main sur la tête de Vanyelle avec un sourire, serrant celle de Varden avant de la lâcher pour s'emparer du parchemin dissimulé dans le ventre de sa petite sacoche.
Elle regarda Ermi, puis Varden d'un air interrogateur.. elle n'aurait pas dû prendre la feuille en premier, c'était tacitement s'engager à lire aussi en premier. Elle respira doucement avant de prendre la parole.


Merci pour cet accueil Ermi, et d'être là aujourd'hui se donner du temps, ou essayer en tout cas. Puisque c'est la tradition, qu'elle soit suivie comme il se doit.

Elle déroula le parchemin, et en fit la lecture après un instant de silence, d'hésitation ou de concentration, allez savoir.

Vanyel de Prume, petite grimace réprimée mais fortement pensée tandis que ses yeux parcourent la suite mais que les mots ne sont pas encore prononcés, les titres... Vicomtesse d'Agde et de Villemur, Baronne de Lunel, résidente de Mauléon étrange comme elle ralentit en disant cela, mais c'était maintenant vrai.. se concentrer et continuer et Varden .. forcément elle s'était trompée .. reprendre presque comme si de rien n'était et Valère d'Arezac, Comte d'Ossau, Vicomte de la Ferté sur Aube, propriétaire d'un moulin sis en la bonne ville de Mauléon .. convoleront en justes noces en l'église de Mauléon ici-même pensa-t-elle distraitement .. le 15 juillet 1457.
Dame Nuitcristaline se portera témoin de cette union.
Lire d'abord pour elle la dernière ligne et de relever la tête et regarder Ermi avec un sourire simplement heureux. Le sacrement sera délivré par dame Ermi..elina Lioncourt.

Elle tendit ensuite la feuille à Ermi. C'était dit. Distraitement, elle avait reposé une main sur l'épaule de sa petite homonyme et regardait maintenant Varden.

De fiançailles le 30 juin 1457 à Mauléon Qjbcqyc0pd


Varden a écrit:Cré nom de nom ! Tristan !

Heureusement, il n'avait fait que penser ... L'espace d'un instant, Varden avait failli oublier où il se trouvait et s'était apprêté à bondir sur le jeune garçon pour lui demander s'il avait bien les objets requis ... Mais pas la peine de se poser la question ... Plus prompt que l'éclair, il avait remis à Ermelina ce qu'il fallait et s'était enfui sans un regard pour lui ...

Il aurait bien du mal avec cet enfant, il fallait le craindre ...

Bref, revenant à ses moutons, ou plutôt ses vaches béarnaises, il se concentra sur la cérémonie ... Qu'allait donc suivre ? Ah oui les bans ! Lui, il aurait bien commencé mais Vanyel semblait vouloir le faire ! Alors bon, il n'allait pas la priver de le faire en premier ... Il écouta, sourit, songea puis sourit à Vanyel à la fin de la lecture, Vanyel qui le regardait ...

D'un clignement des yeux, il acquiesça qu'il trouvait ça fort joli, du moins essayait il de le faire comprendre ainsi ...

Vanyel le regardait toujours ... Tiens Ermelina aussi ...

Et bien, et bien continuons, voilà qui est lu, passons à la suite que diable !

Voilà ses pensées avant de n'être frappé par la lucidité de comprendre qu'on attendait désormais sa lecture ...

Ses bans ! Où donc étaient ses bans ? Ah oui ! Avec lui bien entendu !

Prendre le parchemin, le dérouler ... Bien, ils ressemblaient presque à ceux de Vanyel, cela serait facile ...


Alors ... Hmm ... Hmmm ...

Valère d'Arezac ...

Comte d'Ossau, Vicomte de La Ferté sur Aube, propriétaire d'un moulin sis en la bonne ville de Mauléon ...

Et Vanyel de Prume ... Vicomtesse d'Agde, de Villemur, Baronne de Lunel ...

Résidente de Mauléon ...


Large sourire ravi à la lecture de cette dernière phrase ... Poursuivre

Convoleront en justes noces en l'église de Mauléon ... Le 15 juillet 1457.

Damoiselle Klementein se portera témoin de cette union.

Le sacrement sera délivré par Dame Ermelina ... Lioncourt ...


Oh ! Elle s'appelait Lioncourt ! Il n'avait jamais su le nom d'Ermi, ou bien l'avait su sans le retenir ... Il essayait de s'en souvenir mais rien ne lui semblait s'approcher d'une telle conversation ...

Cela importait peu mais Varden avait le souci du détail parfois ...

Relevant le regard, il regarda successivement, Vanyel, Ermelina, Vanyelle pour savoir ce qu'il devait faire ... La petite demoiselle ne semblait pas en savoir plus que lui à vrai dire ... Voyant les bans de Vanyel dans les mains d'Ermi, il s'empressa de lui tendre les siens en souriant puis se retourna vers Vanyel, attendant la suite ... Enfin ce qui allait venir ... Car ils n'étaient pas encore fiancés ... Du moins le supposait il ... Cela se terminait par un baiser non ? Interrogation sur la suite, avoir tout oublier le jour de la cérémonie n'était guère malin et il n'en était pas fier mais il se débrouillait pourtant bien ... Très bien même aurait il dit ...
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De fiançailles le 30 juin 1457 à Mauléon Empty Re: De fiançailles le 30 juin 1457 à Mauléon

Message  Vanyel 2009-07-01, 20:51

De fiançailles le 30 juin 1457 à Mauléon X7fgqka3bn


Ermelina a écrit:Vanyel avait ouvert le bal des lectures. Ermelina écouta attentivement. Non pas qu'elle ignora ce qui allait se dire mais pour s'assurer qu'aucune erreur, aucun oubli n'était venu se glisser dans le texte. Avec un sourire radieux, elle prit les bans de la main de la jeune femme puis reporta son attention sur Varden. Visiblement, Vanyel n'était pas la seule à être très émue. Il fallut un petit temps avant que le "namoureux", comme aimait à dire Vanyelle, se lance dans sa lecture. Parcourt sans faute pour le Béarnais, qui conclut son intervention en tendant également son bout de vélin à la diaconesse, qui s'en saisit.

J'arrive, dit-elle aux tourtereaux.

Tout en avançant vers la porte, la petite diaconesse regarda attentivement les documents avant de les lire à son tour à haute voix. Trois fois les bans avaient été lus, personne n'avait manifesté d'opposition au mariage à venir, tout allait donc pour le mieux. Ermelina se tenait devant la porte et la regardait presque bovinement. Elle pivota sur ses talons, chercha sa fille du regard et mima le geste de quelqu'un qui punaise. La pantomyme n'était pas un art dans lequel la diaconesse excellait, mais, miracle, l'enfant comprit. Elle porta la main à sa poche puis s'élança vers sa mère. Triomphalement, elle lui tendit une petite boîte. Avec soulagement, la rouquine l'ouvrit, piocha quatre pointes de fer dans la réserve qui lui servait jadis à accrocher les déclarations comtales sur la place de la mairie de Mende, puis plarcarda les bans à la vue de tous, comme c'était l'usage.


De fiançailles le 30 juin 1457 à Mauléon 8b8o4m1q6z_tn De fiançailles le 30 juin 1457 à Mauléon Evl792m499_tn

Ca, c'est fait, ne put s'empêcher de penser la rouquine. Un hochement de tête satisfait accompagna ce constat. Mentalement, elle biffa sur la liste des choses à faire en ce jour "vérifier la conformité des bans" et "publier les bans". Logiquement venaient ensuite l'étape "bénir les fiancés" et "ouvrir la période de fiançailles", et ce n'était décemment pas sur le parvis de l'église que la diaconesse pourrait s'adonner à ces activités. Comme de juste, la jeune femme attrapa la main de Vanyelle après l'avoir remercier pour lui avoir retirer une belle épine du pied ; de sa main libre, elle invita Vanyel et Varden à leur emboîter le pas.

Mère et fille remontèrent le bas-côté, visiblement guillerettes ; arrivée sur le seuil de la chapelle, la petite diaconesse se pencha vers l'enfant, l'embrassa doucement sur le front puis lui glissa quelques mots à l'oreille avant de lui indiquer la place qui serait la sienne le temps de la cérémonie. Laissant Vanyel et Varden s'installer à leur convenance, Ermi s'activa de son mieux pour ne pas trop faire attendre son petit monde. D'un geste sûr, elle prit sur l'autel une petite boîte en émail champlevé. Comme souvent, elle était en forme de châsse, mais ici, elle était ornementée délicatement de mandorles où s'abritaient des anges dorés aux ailes déployées.


Fais bien attention, Vanyelle, recommanda la jeune femme. Il ne faut pas la poser, ni la renverser. Tu dois la tenir précieusement, jusqu'au moment où je te ferai signe. C'est d'accord ?

D'accord. Petite moue pensive suivie d'un regard interrogateur.

J'ai le droit de l'ouvrir, si je la tiens ?

Hmmm... Non. Il faut être grand et au moins diacre pour avoir le droit de le faire.

Pffff... C'est pô juste, c'est toujours les mêmes qui s'amusent, râla la fillette sur un ton boudeur du plus bel effet. Il ne manquait plus que le reniflement de mépris et on aurait pu avoir une réplique miniature d'Ermi aux cheveux noir de jais.

Ce sont peut-être toujours les mêmes qui s'amusent, damoiselle, mais sache que tout le monde n'a pas le droit de tenir ce coffret entre ses mains. C'est un très grand privilège que tu as là. Je ne suis pas sûre que le roi lui-même ait eu un jour ce genre d'objets entre ses royales mimines.

Les yeux de la fillette se mirent à briller d'émerveillement devant le grand honneur qui lui était fait. Naturellement, la rouquine ne précisa pas que, théoriquement, le roi avait très certainement d'autres chats à fouetter, que de tripatouiller des objets liturgiques n'entrait pas dans ses occupations quotidiennes et qu'il avait sans doute toute une maisonnée pour faire la chose à sa place en cas de besoin ou si la fantaisie lui en prenait : elle ne précisa pas non plus que la petite serait payée en dragées sucrées et croquantes pour le travail qu'elle allait avoir à effectuer. Ce n'était vraiment pas le moment de la distraire avec des promesses de paradis terrestre. Loin d'éprouver un quelconque remord, la Machiavel en jupons estima que l'impérieuse raison liturgique réclamait à corps et à cri une Vanyelle sage et disciplinée, ce que le stratagème rendait possible ; la récompense finale venant compenser le petit effort, la diaconesse s'en retourna à l'autel la conscience tranquille et le coeur léger.

Ermelina avait l'habitude de dire que célébrer une cérémonie, c'était comme réaliser un plat. Il fallait de bons ingrédients dans les deux cas (il est certain que comparer des aristotéliciens à des oeufs frais ou du sucre aurait eu de quoi froisser quelques ego, mais la petite diaconesse n'était plus à ça près dans ses crises d'antisocialité passagères), les bons ustensiles (un débit fluide et une voix qui porte faisant office dans un lieu saint), ce fameux savoir-faire qui ne s'acquiert qu'au fil du temps, une cuisson excellente (éviter les cérémonies bouclées en trois minutes et les cérémonies bouclées en six heures pour éviter l'effet cru ou l'effet charbon de bois) et surtout, une bonne recette qui supporte la fantaisie de la personnalisation dite "au pifomètre" du cuisinier. Un coup d'oeil aux promis puis à Vanyelle permit à la rouquine de s'assurer que tous les ingrédients étaient réunis. Un raclement de gorge discret lui assura que les ustensiles étaient parés. Pour une simple bénédiction, la cuisson ne devrait pas excéder le quart d'heure, surtout en tout petit comité. Ne manquait plus que la recette. D'un geste qui trahissait l'habitude de l'usage des ouvrages volumineux et lourds, Ermelina saisit son grimoire et l'ouvrit avec une délectation semblable à celle d'un chat venant de trouver accidentellement une assiette de lait et s'en repaissant. Fronçant un peu les sourcils pour accommoder sa vue à ses pattes de mouche, elle entreprit de retrouver ses notes sur les fiançailles.


Hmmm... Baptême standard... Non. Baptême de luxe... Non, marmonna-t-elle. Baptême espagnol... Non . [/b]A l'évocation de ce mode d'emploi si particulier, la jeune femme sourit, leva les yeux au ciel pour le prendre à témoin des bizarreries ibères qu'elle avait pu croiser et reprit ses recherches méticuleuses.

Funérailles... Dieu nous en préserve... Catéchèse standard... non. Catéchèse pour les blondes... Non. Mariage... pour les ides de juillet. Ah ! Fiançailles ! Un rapide coup d'oeil, lui permit de se rafraichir la mémoire sur les points à ne surtout pas oublier. Il ne restait donc plus qu'à se mettre aux fourneaux.

Ma bien chère soeur, mon bien cher frère, ma très chère presque soeur, entonna la jeune femme en se redressant et en joignant les mains devant elle pour se donner une contenance. Sa voix claire résonnait sous la voute de l'édifice désert.

Nous voici donc réunis dans cette cuisine... Temps mort. Il fallait croire que la chose était inévitable. Visiblement, les petites cellules grises de la diaconesse s'étaient laissées distraire et partaient méchamment en sucette. Profonde inspiration.

Nous voici donc réunis dans cette église... Elle insista lourdement sur le dernier mot tant pour corriger sa bourde que pour motiver son équipe de choc neuronale et la forcer à un peu de discipline et de concentration.

... Afin d'ouvrir la période des fiançailles. Cette période sera, comme vous vous en rendrez vite compte, un grand moment de joie ; elle est souvent vécue avec insouciance et légèreté. Autour de vous, vos familles et vos amis se réuniront. Vos deux mondes apprendront à ne faire plus qu'un pour votre plus grand bonheur. Les préparatifs iront bon train, comme de juste, et j'espère sincèrement que vous ne vous retrouverez pas submergés par le flot des obligations. Un petit sourire retroussa légèrement les lèvres d'Ermelina.

Cette période, cependant, a aussi un but plus profond. C'est au cours de ces quinze jours que vous pourrez commencer à construire votre nouvelle vie. Non pas en planifiant vos déménagements respectifs, mais bien en ouvrant vos coeurs l'un à l'autre, sans retenue. En partageant inconditionnellement et chastement les sentiments qui les habitent. En renforçant les liens qui vous unissent, comme le lierre renforce son étreint chaque jour un peu plus autour du chêne. Pendant ces quelques jours, vous serez plus proches que vous ne l'avez jamais été : c'est là, dès votre sortie de cette église qu'il vous faudra consolider votre amour, faire en sorte que, comme le chêne, il enfouisse ses racines le plus loin possible dans la terre, pour vous donner la force de surmonter les tracas du quotidien et de résister aux épreuves de la vie, main dans la main.

Par vos paroles, par vos choix et surtout par vos actes, renforcez votre amour l'un pour l'autre, pour qu'il croisse dans la joie et la simplicité et embellisse, et pour qu'il devienne le plus bel hommage que vous puissiez faire à Dieu. Car comme le disait Christos à Natchiatchia : " Lorsque deux êtres s'aiment d'un amour pur et qu'ils souhaitent perpétuer notre espèce par la procréation, Dieu leur permet, par le sacrement du mariage, de vivre leur amour. Cet amour si pur, vécu dans la vertu, glorifie Dieu, parce qu'Il est amour et que l'amour que les humains partagent est le plus bel hommage qui puisse lui être fait."

A présent, prions le Très-haut pour qu'Il vous guide vers le mariage et qu'Il nous guide tous sur le chemin de l'Amour.


Seigneur Dieu aide nous à vivre pleinement ces fiançailles, dans la joie, dans la foi et dans la prière.
Que ton Amour rende le couple de Vanyel et Varden de plus en plus fort, qu'il les aide et les soutienne chaque jour que Tu feras.
Aide-les dans ce cheminement, pour qu'ensemble ils puissent avancer sereinement vers l'engagement de leur vie, dans le sacrement du mariage.
Aide les à discerner et avancer dans ce chemin, libre et confiant de ta présence à leurs côtés.
Seigneur Dieu, nous te prions.



Ermi marqua un petit silence comme il convient après une prière pour permettre à chacun de se recueillir, puis se tourna vers Vanyelle. D'un petit geste de la main, elle fit signe à l'enfant de s'approcher. Un sourire radieux illumina un instant le visage de la rouquine lorsqu'elle observa sa fille avancer lentement, précautionneusement, pour ne pas renverser la boîte, la lâcher, voir butter contre une dalle traitresse et s'affaler de tout son long. La diaconesse se pencha avec tout le sérieux dont elle était capable, prit respectueusement le coffret des mains de l'enfant et la salua comme s'il s'était agi d'une princesse de sang. La fillette sourit à sa mère, un grand sourire aux lèvres, visiblement très fière de son exploit et alla s'installer à côté de sa Tatie. Pendant ce temps, Ermi ouvrit la châsse contenant les huiles saintes et en extirpât un précieux flacon en verre.

Vanyel, Varden, agenouillez vous, je vous prie, dit-elle aux jeunes gens tout en débouchant le plus délicatement possible (ce qui n'était pas un mince exploit quand on la connaissait un tant soit peu) le flacon. Après avoir trempé son pouce dans le liquide ambré, elle s'approcha de Vanyel, prenant bien soin de ne pas tacher ce qui devait être sa seule et unique robe, et dessina une petite croix sur son front, appliquant ainsi l'huile sainte.

Vous, qui aimez les autres, aidez votre prochain, et vivez dans le respect des préceptes Aristotéliciens, dit-elle sans cacher sa joie et sa satisfaction, avant de s'approcher de Varden.

Vous, fidèles de notre Sainte Eglise, amenés à vous chérir l'un et l'autre, jusqu'à ce que le Seigneur vous rappelle à lui, poursuivit-elle en signant le front de Varden.

Je vous bénis, et déclare officielle votre période de fiançailles ! Que le Très-Haut veille sur vous au court de la quinzaine à venir..., annonça-t-elle en invitant les fiancés à se relever. Elle se tourna vers Varden et le regarda dans les yeux, sans ciller.

Varden, afin de commencer dès à présent à laisser le lierre qu'est ton amour resserrer son étreinte autour du chêne qu'est l'amour de Vanyel, et afin que tous ici connaissent sa beauté et sa pureté, laisse parler ton coeur et exprime librement les sentiments que t'inspirent ta promise. Vanyel, reprit la petite diaconesse en se tournant vers son amie, afin de commencer dès à présent à laisser le chèvrefeuille qu'est ton amour resserrer son étreinte autour du chêne qu'est l'amour de Varden, et afin que tous ici connaissent sa beauté et sa pureté, laisse parler ton coeur et exprime librement les sentiments que t'inspirent ton promis.

Ceci dit, Ermelina fit un petit pas en arrière, se mettant en retrait pour laisser la parole aux fiancés.
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Message  Vanyel 2009-07-01, 20:52

De fiançailles le 30 juin 1457 à Mauléon Qjbcqyc0pd


Varden a écrit:Il ne trouvait pas qu'ils s'amusaient ... C'était étrange une fille de diaconesse, ça s'amusait avec des choses bizarres ... Juste le temps de hausser un sourcil devant la mine boudeuse de l'enfant, qu'ils étaient entraînés, Vanyel et lui pour la suite ...

Mais voilà, qu'Ermi les faisaient s'agenouiller, le marquait d'une croix ambrée et bénissait leurs fiançailles !

Ah bon ? Déjà finies ?

Bon et bien allons y ... D'un élan vouloir remercier la diaconesse et la petite Vanyelle tiens aussi ... Mais apparemment, Ermelina n'en avait pas fini du tout ...

Ah ? C'était étonnant aussi ...

Mais qui ? que ? quoi ? Il devait exprimer qué donc ? Un regard vers Vanyel, ce coup ci il l'aurait volontiers laisser s'exprimer la première mais pour le coup, il avait hérité de la primeur de l'expression en tout état de cause ...

Bien ... Bien ... Son amour pour Vanyel ...


Alors ... Et bien, tout d'abord, je n'avais jamais imaginé que je sois un lierre ... Et encore moins Vanyel un chêne, je dois dire ... C'est assez troublant mais au choix je préfère le chèvrefeuille de par ses fleurs qui éclosent sans doute ...

C'était si peu probant ... Mais l'inspiration n'était pas loin, poser son regard sur Ermelina et reprendre ... A propos de sa Vanyel donc ...

Finalement, je pourrais la comparer à une fleur qui tend à éclore et à goûter à la douceur de la lumière, après tant de temps à avoir été renfermée sur elle même dans l'ombre ... Je ne vais pas revenir sur ce que nous avons vécu, sur ce qui nous a tant de fois séparés, puis réunis désormais ... Je ne vais pas revenir non plus sur ce qu'elle est, généreuse, passionnée, déraisonnée à l'envie et tellement adorable même lorsqu'il est l'heure de s'opposer à certains de ses choix ... Sourire à l'évocation de souvenirs de reproches sur des voyages dangereux, de venues innatendues mais qui l'emplissait tant de bonheur ... Il est, à mon sens, des vérités évidentes à côté desquelles l'on ne peut passer ... Vanyel est de celles ci, une de mes vérités, une de mes évidences ... J'ai l'espoir, le désir, de pouvoir lui apporter le bonheur auquel elle a droit ... Je fais le vœu d'y parvenir et de ne jamais m'en départir ... Elle est ... C'est pourtant si difficile à définir ... Ce que je ressens pour elle, ancré en moi, me torturant quand elle s'éloigne, me réjouissant quand elle partage des instants comme celui ci avec moi ... Elle est ... Elle est ... tout simplement Vanyel, et je crois que, finalement, c'est la plus belle parole qu'il me soit possible de dire ...

Les joues rosies, le souffle coupé par l'émotion, Varden s'arrêta là ... Avait il dit ce qu'il fallait ? Du moins était ce ce qu'il ressentait ... Il n'osa pas de suite tourner le regard vers Vanyel de peur de ne pas avoir su exprimer tout l'amour qu'il ressentait pour elle ... Il jeta un premier coup d'œil curieux tout de même ... C'était peut être le moment de lui offrir son "gage" ... Ermelina ne l'avait pas bien formé ! Non, en vérité il n'avait pas assez bien retenu ... Hésitant, il guetta donc un quelconque signe salutaire de la diaconesse qu'il pouvait offrir à Vanyel là le si modeste bijou qu'il avait commandé auprès d'un orfèvre ...

Apparemment, tout était bon, il était respectueux des us et coutumes ... C'est qu'il ne se fiançait pas tous les jours lui !

Portant sa main à sa poche, il saisit donc la fine chaîne d'argent auquel était attaché le bijou, objet de ces symboles qu'il aimait tant ... Deux V argentés, l'un mat et l'autre brillant, couplés, attachés ... Rappel du fait que leurs prénoms commençaient tous deux par un V et que désormais il serait lié à elle et elle à lui ... En espérant qu'elle aime tout de même ... Il se mit face à elle et le lui accrocha autour du cou, en souriant ... Il serait temps d'avoir sa réaction quelque quand après ... Sourire timide, quelque peu dépassé par l'émotion que ces moments provoquaient en lui, Varden se remit à sa place laissant alors à Vanyel le soin de s'exprimer avec le chèvrefeuille autour de l'arbre de leur amour ...

De fiançailles le 30 juin 1457 à Mauléon 3-85


Vanyel a écrit:Écouter Ermi, esquisser un sourire à son charmant lapsus, suivre en essayant de faire en sorte que ses pensées ne vagabondent pas trop ce qui était loin d'être gagné vu qu'elles venaient de s'accrocher au mot déménagement, chose à laquelle il n'était plus temps de penser étant donné que celui-ci avait déjà eu lieu. Elle estimait avoir eu de la chance en chemin, et pour cause quand on se retrouve quelque part perdue au milieu de l'Armagnac en apercevant deux groupes notoires de brigands, l'un français l'autre espagnol, heureusement que Russo et elle savaient se faire discrètes et qu'Astrid elle avait rapidement appris à le faire. Puis le retrouver à Tarbes - en évitant soigneusement de lui raconter la route puisque tout s'était déroulé sans encombre - et revoir une de ses maires qui n'était plus maire, d'un autre côté elle n'était plus cac non plus. Morigénage de neurone pour le ramener à la cérémonie...

Si elle avait été d'humeur à pinailler, peut-être qu'elle aurait pu dire que le sol était quand même dur quand on est à genoux, mais pour commencer cela ne faisait absolument pas parti de ses préoccupations du moment, ensuite elle pouvait faire un petit clin d'œil discret à la puce à ses côtés après qu'Ermi lui eut tracé une petite croix sur le front et pendant que celle-ci s'occupait de faire de même à Varden. Et puis ils n'étaient pas restés ainsi si longtemps qu'ils en aient des crampes puisque peu après ils se relevaient. Ils étaient fiancés, pourtant son sourire à cette nouvelle fut de courte durée quand elle entendit la suite... Lierre, chêne, chèvrefeuille... les images étaient plaisantes, et il semblait qu'Ermi ait choisi la botanique pour l'occasion, mais ce qui l'ennuyait - pour ainsi dire - c'était la promesse à faire.. réussir à trouver les mots juste... Saurait-elle le faire comme lui ?

Ses mots s'égrenaient, tels des gouttes dont les ondulations se propageaient à la surface de l'eau, la troublant plus que l'apparence ne laissait à penser, Varden... Elle n'avait cessé de l'observer pendant qu'il parlait, jusqu'à ce qu'il ait fini et ose timidement à nouveau poser ses yeux sur elle, s'approche d'elle après une hésitation, quelque chose de brillant à la main. Elle se rappela que respirer pouvait être une chose utile, voire vitale bien qu'elle ait quelques soucis avec cette fonction que d'aucun qualifierait sans doute de naturelle voire d'instinctive, il faut dire les doigts de Varden effleurant son cou en se retirant après le petit clic indiquant la fermeture de la chainette à laquelle était suspendue leur lettre emmêlée ne lui facilitait pas la tâche.

Ses yeux ne se détachaient pas des siens, si seulement elle avait simplement pu se perdre dans ses yeux sombres... mais non, c'était à elle maintenant de s'exprimer... Lui remettre son gage, elle pouvait le faire sans trop de mal.. pour la promesse.. ça s'annonçait autrement plus compliqué, quand on savait qu'elle avait tout de même réussi à ne toujours pas lui dire ces trois petits mots qui étaient tout de même l'essence de ce qui la liait à lui.
Commencer par ce qui est "simple" puisque c'est ainsi.. prendre le médaillon qui renfermait une mèche de ses cheveux.. le lui tendre, sans un mot encore, presque frissonner lorsque leurs mains se frôlent brièvement au moment de l'échange. Il devait se douter de ce qu'il éveillait, était pour elle... tout comme il savait que la faire parler était loin d'être chose facile... pourtant sans jamais lui demander, à force de patience il avait fini par réussir à lui faire évoquer son passé, puis à l'en détourner pour regarder non plus en arrière mais devant. Le silence ne pouvait s'éterniser.. il lui fallait le rompre, aussi reprit-elle pour commencer les mots d'Ermi.


Les sentiments que m'inspirent mon .. promis si jusque là cette notion était encore lointaine, elle était maintenant tellement palpable. Elle avait tant voulu le rejoindre, l'avait rêvé avant de réussir à s'immerger dans la réalité, donnant corps à une chimère qui n'en était plus une.
Heureusement qu'ils étaient en comité restreint, déjà ainsi elle avait toutes les peines du monde à se livrer, s'il y avait eu plus de personnes...Elle refermait son monde autour d'eux, de lui surtout, parlait à voix basse, lentement.

Des mots... je ne sais pas si j'arriverai à tout exprimer ainsi.. sans doute pas.. je.. j'ai juste l'impression d'être à ma place à ses côtés... bien qu'elle le regarda toujours, c'était à Ermi qu'elle s'adressait, à l'amie et à la diaconesse qu'elle se confiait. Pourtant ses paroles lui étaient aussi destinées... c'était la tortueuse échappatoire qui lui permettait de ne pas rester sans voix. Comment fait-il cela? je ne saurais dire.. peut-être simplement en étant lui-même, celui qui fait preuve de patience quand il est impatient, qui est doucement entré dans mon monde malgré des barrières soigneusement érigées, m'a ramenée au présent... et à lui sa voix se faisait murmure au fur et à mesure. Il a cette particularité de me ravir par sa simple présence, tandis que son absence elle crée un douloureux vide qu'il est aussi vain que futile d'essayer de combler sans lui petit sourire entre excuse et dérision ce n'est pas faute de ne pas avoir tenté, il m'aura fallu du temps pour me rendre à l'évidence et enfin venir à toi.

Etrange de dire, d'avouer cela. Parveniam... elle ne se posait plus la question de savoir à quoi ni à qui, les réponses s'étaient imposées d'elles-mêmes.
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Message  Vanyel 2009-07-01, 20:53

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Ermelina a écrit:Ermelina les avait regardés avec attendrissement : il était toujours émouvant de voir un nouvel amour s'épanouir sous ses yeux. Les observateurs les plus pointus auraient sans doute détecté une pointe de jubilation couplée à un zeste de sadisme dans le regard de la rouquine lorsqu'elle constata l'embarras de Varden. Ah, il n'est pas de chose plus malaisée que de parler d'amour, si ce n'est exprimer ses sentiments pour l'être que l'on chérit, et le fraîchement fiancé venait d'en faire l'expérience. Mais, comme elle avait pu le voir bien souvent, c'était ainsi mis au pied du mur que les hommes mettaient le mieux leur coeur à nu. Et c'était toujours ce qui touchait le plus l'objet de leurs sentiments... La petite diaconesse haussa un sourcil, seul signe apparent de sa perplexité, lorsque Varden passa une chaine en argent au coup de sa promise. Non pas que le geste lui parut inapproprié ou incongru - après tout, elle y avait consentit quelque jours plus tôt, lors de l'explication du déroulement de la cérémonie aux amoureux - , non : ce qui l'interpela, c'était la brillance du bijou. Pas de patine, il était donc neuf. Une pointe de nostalgie gagna Ermi, lorsqu'elle fut amener à constater que de son temps, on offrait un objet vieilli par le temps, quelque chose qu'on avait toujours gardé précieusement avec soi. Une pointe de consternation gagna ensuite la diaconesse quand elle constata qu'elle utilisait LA formule magique, le "de mon temps" qui la classait définitivement dans la section fossiles. Puis vint le tour de Vanyel... Qu'il était bon, simplement bon, de voir les derniers morceaux de la gangue de glace dont elle avait entouré son coeur fondre enfin sous le regard passionné et aimant de son Varden... Pour un peu, Ermi serait presque partie à la pêche à mouchoir si elle avait eu le temps de s'émouvoir : malheureusement, c'était un luxe qu'on ne pouvait se permettre quand on avait une cérémonie à mener à terme


Après ces aveux touchants et avant de vous libérer et de vous permettre de vaquer à vos préparatifs, reprit-elle en souriant pour masquer son émotion, louons une dernière fois le Très-Haut pour lui témoigner notre Amour pour lui.

Tu nous guides quand notre âme est embrouillée
Tu guéris le chétif et le maladif
Tu nous offres tes vêtements quand les nôtres sont mouillés
Tu éloignes les marchands des brigands, les bateaux des récifs

Tu soulages les plaies
Tu guides tes prophètes pour qu'ils puissent nous montrer la voie
Tu nous sauves des guerres en aidant la paix
Tu fais régner l'ordre quand toutes les voix s'égarent

Et nous, nous te louons
Et nous, nous nous confessons
Et nous, nous t'aimons
Ô Très-Haut !
Sois loué !

AMEN


Allez en paix, conclut-elle, qu'Aristote vous guide sur le chemin de la Raison et que le Très-Haut vous ait en bonne garde !


Ita missa est..A ceci près que ce n'était pas une messe, mais une petite cérémonie comme Ermi aurait aimé en célébrer plus souvent. Souriante, elle s'approcha de Vanyel et de Varden.

Toutes mes félicitations à vous deux pour ces fiançailles. Je crois que nous allons être amenés à nous revoir très rapidement dans les prochains jours pour régler accessoirement les quelques menus détails de la cérémonie de mariage et surtout pour que Vanyelle puisse profiter de sa Tatie-Biscuit adorée.

Un petit gazouillis ravi de Vanyelle conforta la petite diaconesse dans son ordre des priorités très personnel. L'enfant se rua alors dans les jupons de son homonyme, prenant garde d'éviter soigneusement Varden au passage, et s'accrocha à la main de sa future marraine pour réclamer toute son attention.

Tatie-Biscuit, tu es trooooooooooooop jolie en robe ! Tu devrais en mettre plus souvent, tu sais. Des toutes colorées, avec plein de dentelles et de fourrures comme Zaza, ça t'irait vraiment bien, débita-t-elle sur un ton proche de l'adoration. Tu as l'air d'une princesse, une vraie de vraie... Rapidement, elle coula un regard observateur et méfiant à Varden, se servant de Vanyel comme d'un bouclier pour maintenir une distance respectable entre elle et lui.

Dis, Tatie-Biscuit, c'est un gentil, ton namoureux (notez la liaison très prononcée) ou c'est un trop bavard, comme Constant ? murmura-t-elle rapidement à l'oreille de la fiancée. Il faut l'appeler messire ? Il n'a pas l'air rigolo... T'es sûre qu'il n'est pas comme Leandro ? Cette dernière référence arracha une grimace à la fillette.

Ermelina laissa libre court à la volubilité de sa fille et regarda rapidement autour d'elle. La cérémonie était certes achevée, mais elle n'en avait pas fini pour autant et pour tout terminer, elle avait besoin d'être seule. Un petit soupir souleva sa poitrine : autant s'y mettre de suite. Elle convint d'un rendez-vous avec les tourtereaux et les raccompagna jusque sur le parvis, puis prit la direction de la sacristie après avoir permis à Vanyelle d'aller à sa guise dans l'édifice. Rapidement, elle se changea puis plia soigneusement ses vêtements sacerdotaux et son étole avant de les ranger. Vint ensuite le tour de la chapelle. Le coffret à huiles saintes fut refermé et remis à l'abri dans la sacristie ; les cierges furent éteints, sauf un sur l'autel afin qu'une lumière éclaire toujours la demeure du Très-Haut ; le grimoire disparut dans la besace et le livre des Vertus retrouva sa place habituelle dans la musette.

Enfin, la petite diaconesse se pencha sur le cas du bout de lame, de la pièce, du coquelicot et du bleuet. Le matin même, elle avait aperçu dans un recoin, une petite niche abritant une statue de saint Valentin. Lestée de son étonnant bric-à-brac récupéré sur le banc, Ermi se rendit auprès de la représentation du saint, s'agenouilla, déposa à côté d'elle ferraille et végétaux puis joignit les mains.


Sous le poids de l'inquiétude, j'ai recours à toi, saint Valentin, avec la certitude d'être exaucée. Libère mon pauvre coeur des angoisses qui l'oppressent et rend la paix à mon esprit accablé. Toi qui a été établi comme patron des amoureux, obtiens-moi la grâce que je demande : fais en sorte que jamais Vanyel ne soit séparée de Varden et que jamais Varden ne soit séparé de Vanyel.

Comme le voulait la tradition dans la région où elle avait grandi, cette tradition qui rassurait tant les paysans, mais faisait tant hurler les moines qui l'avaient éduquée, elle prit le bout de lame et le glissa dans l'espace où jadis du mortier avait joint deux pierres de la corniche où se trouvait la statue.

Valentin, récompense mon espoir en toi... Que cette lame divise toujours par deux les peines qui seront leurs.

Puis elle prit la pièce, l'embrassa et la posa aux pieds du saint.

Valentin, récompense mon espoir en toi... Qu'en temps de guerre ou en temps de paix, qu'en temps de famine ou d'abondance rien ne manque jamais en leur demeure.

Elle prit le bleuet et le déposa à gauche de l'effigie.

Valentin, récompense mon espoir en toi... Que le ventre de Vanyel enfante un garçon aussi honnête, solide et vertueux que Varden.

Puis Ermelina prit le coquelicot et le déposa à droite de la statue.

Valentin, récompense mon espoir en toi... Que le ventre de Vanyel enfante d'une fille aussi douce, belle et intelligente que Vanyel elle-même.
Valentin, récompense mon espoir en toi et je ferai partout connaître la grandeur de la miséricorde divine envers les affligés et ne permets pas que je me détourne de toi avant d'avoir été exaucée.


Toute la part logique et raisonnable de la rouquine s'indignait contre ce qui venait d'être fait. Sa part pragmatique, elle constata que même l'éducation ne pouvait pas toujours venir à bout des superstitions et que c'était toujours dans les moments de doute qu'on se retournait immanquablement vers ses racines pour y puiser un réconfort que la raison seule ne peut procurer. Et il fallait bien constater que, en dépit d'une culpabilité appelée à disparaitre très rapidement, la petite diaconesse avait le coeur bien plus léger depuis la fin de sa prière. Elle resta un moment là, agenouillée sur les dalles froides de la nef, à se recueillir, ses pensées allant du mariage et du bonheur à venir de Vanyel et Varden à ceux qui furent sien du vivant de son époux. Profond soupir...

Enfin, la rouquine se releva ; d'un geste tenant plus de l'automatisme que de la nécessité, elle épousseta sa robe et remit ses jupes en place tout en cherchant Vanyelle du regard. La petite ne s'était pas contenté d'explorer l'église, elle avait aussi exploré les bagages maternels : elle était assise à côté de la musette d'Ermelina et feuilletait le livre des Vertus richement enluminé de sa génitrice. Ermi rejoignit l'enfant, récupéra armes et bagages et prit la main de la fillette dans la sienne. C'est en devisant gaiment du mariage à venir et des mille et une petites choses à prévoir que mère et fille remontèrent la nef et quittèrent l'église : il était plus que temps de rentrer, d'autres préparatifs les attendaient toutes deux.
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De fiançailles le 30 juin 1457 à Mauléon Empty Re: De fiançailles le 30 juin 1457 à Mauléon

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